"« Pour proposer une expérience innovante et cohérente, il faut remettre beaucoup de choses en question » – Eric Mottard, Grupo Eventoplus"

Eric Mottard

Eric Mottard

CEO en Grupo Eventoplus

Con casi 20 años de experiencia en el sector MICE, Eric Mottard comparte con el blog de NH Meetings sus puntos de vista sobre la organización de eventos, la comunicación, la tecnología o las redes sociales.

Août 20, 2019

1. Parlez-nous de votre carrière dans le secteur du tourisme d’affaires. Quels ont été vos débuts ?

Tout a commencé en l’an 2000. J’étais conseiller en gestion et je développais des projets pour des multinationales. Autant vous dire que je possédais beaucoup de costumes gris et que je maîtrisais PowerPoint sur le bout des doigts. Puis vint le phénomène de la bulle Internet qui a donné lieu à une véritable fièvre entrepreneuriale. Nous avons donc décidé de tenter notre chance et de ​​lancer notre propre site Web. À cette époque, les sites poussaient comme des champignons et nous avons choisi d’axer le nôtre sur l’organisation d’événements. Nous n’y connaissions pas grand-chose mais Lynn (notre cofondatrice) avait beaucoup d’expérience dans ce secteur. Nous avons alors élaboré un business plan et recherché des sources de financement, en vain. Toutefois, nous étions passionnés par notre projet et avons donc décidé de puiser dans nos propres économies pour créer notre entreprise. Le processus était long et fastidieux mais nous avions des idées plein la tête et la liberté de les développer en tirant parti du dynamisme propre aux petites entreprises. En 2001, notre site était en ligne et notre entreprise s’est développée petit à petit.

2. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le secteur du tourisme d’affaires ?

J’aime particulièrement le côté humain et passionné de ce secteur. Des équipes éphémères sont constamment constituées pour mener à bien des tâches complexes qui demandent beaucoup de travail et de flexibilité. Ce n’est pas facile tous les jours, mais les victoires et les moments de partage en valent largement la peine. Je dirais même que c’est un secteur difficile tant en termes de conditions de travail que de revenus, et pourtant, l’enthousiasme de chaque membre de l’équipe est débordant.

Il ne faut toutefois pas oublier que nous avons une entreprise à faire tourner et que nous devons constamment apporter de la valeur à nos clients. Notre passion pour l’aspect créatif de notre métier pourrait nous porter préjudice si nous en venions à oublier tout le reste. Il est donc important de ne jamais perdre de vue notre sens des affaires.

3. En tant que PDG d’une entreprise spécialisée dans le tourisme d’affaires, comment voyez-vous ce secteur en Espagne ?

Nous sommes en contact avec de nombreux professionnels du monde entier et la qualité des services proposés en Espagne fait l’unanimité. Si notre pays compte deux villes classées dans le top 4 du classement de l’ICCA, ce n’est pas uniquement grâce à la météo clémente et la gastronomie locale. Nous disposons de sociétés fiables qui proposent des services de haute qualité, qui font preuve d’innovation et de flexibilité, et qui savent dénicher des hôtels et des lieux incroyables. Les grandes agences et les entreprises étrangères l’ont très bien compris. L’Espagne est le pays idéal pour organiser des événements, et ce même si nous ne comptons que peu d’agences de recherche et développement capables de s’occuper de tâches très spécifiques. Nous devons faire face à un problème de valeur puisque les frais et coûts sont trop bas pour que nous puissions recruter davantage de spécialistes ou consacrer du temps à la formation et à la recherche et développement. Augmenter cette valeur devrait donc compter parmi nos priorités. Nous devons également pouvoir compter sur de plus grandes entreprises capables de gérer les événements pour de grands groupes.

4. Selon votre expérience et vos connaissances du secteur, comment l’Espagne peut-elle se hisser à la tête du secteur du tourisme d’affaires ?

Notre pays compte déjà parmi les pays les plus prisés du secteur. Toutefois, si nous parvenons à améliorer les deux points dont nous venons de parler, plus rien ne pourrait nous arrêter !

Nous devons faire de l’intelligence marketing le socle sur lequel reposent nos événements

5.Quels sont les 3 éléments clés pour assurer une bonne communication lors d’un événement ? Quelles sont les erreurs à éviter ?

Pour commencer, il faut se concentrer sur le public cible plutôt que sur le message. Nous devons savoir ce que nous pouvons apporter à nos clients, comprendre ce qui les motive, ce dont ils ont besoin, quels sont leurs problèmes, ce qui les passionne, le format d’événement qui leur convient le mieux et les types de contenu qui feront mouche auprès d’eux. Nous devons faire de l’intelligence marketing le socle sur lequel reposent nos événements.

Ensuite, il faut faire preuve d’originalité. Nous avons tous déjà participé à de nombreux événements. Il est donc important de trouver des idées pour créer des expériences inédites.

Enfin, il faut assurer une certaine cohérence. Du lieu de réception au langage corporel de l’intervenant en passant par le choix de nourriture et la décoration : chaque détail compte quand il s’agit d’organiser un événement. Il est donc essentiel de proposer une expérience cohérente et innovante pour communiquer efficacement votre message. « Pourquoi placer ça ici ? » et « Comment faire passer notre message ? » comptent parmi les questions que vous devriez vous poser en permanence. Toutefois, le plus important est de vous demander ce que les participants penseront de votre événement.

6. Que pensez-vous de l’utilisation des réseaux sociaux dans le secteur du tourisme d’affaires ?

Il est compliqué de prédire l’avenir d’un outil aussi volatile que les réseaux sociaux. S’ils servent principalement de tremplin, certains événements sont organisés dans le seul but d’être partagés en ligne. Je suppose que la puissance des réseaux sociaux continuera d’encourager l’organisation d’événements créés pour être partagés sur Instagram plutôt que pour l’expérience en elle-même, même s’il semble désormais que l’expérience des participants, le contact humain et les activités proposées devraient regagner un peu de terrain. En effet, les participants à certaines conférences sont déjà de moins en moins encouragés à tweeter en direct, ce qui était pourtant la norme il y a quelques années. L’ère Instagram n’est pas près de se terminer, mais je pense que l’idée de vivre le moment présent va regagner en popularité (ou tout du moins je l’espère !).



7. Une étude de marché du secteur des réunions et événements a récemment été publiée en collaboration avec NH Hotel Group. Quelles sont les principales conclusions pour l’année 2019 ?

Le marché est prometteur et ne cesse de croître malgré certaines incertitudes économiques. Les agences ont comme principaux défis de se démarquer de la concurrence et d’organiser des événements qui font mouche auprès des participants, ce qui nous amène à dire que le thème central de cette étude n’est autre que la recherche de pertinence. Il existe en effet des milliers d’agences différentes et il devient de plus en plus compliqué de convaincre les clients que la vôtre est celle qu’il leur faut. Les agences doivent donc se spécialiser, innover et proposer une valeur ajoutée qui ne se limite plus à l’organisation d’événements dignes de ce nom. En outre, dans un monde où ce ne sont pas les événements qui manquent, il est également de plus en plus compliqué d’impressionner les participants. Il devient ainsi indispensable de comprendre le public cible et de concocter des expériences hors du commun.

En termes de tendances, les organisateurs aspirent à créer des événements de plus en plus intimes (et pertinents !). Il en découle des événements hyperpersonnalisés qui s’appuient sur une très bonne connaissance du public cible, connaissance qui n’est autre que le résultat de nombreuses données collectées. En outre, les expériences locales peuvent permettre aux événements de gagner en valeur puisque nous constatons un retour aux choses plus simples, comme le contact humain dans sa forme la plus pure. Les participants préfèrent les événements simples et authentiques qui s’articulent autour de l’interaction humaine aux événements exubérants qui reposent exclusivement sur la technologie.

8. D’après une étude de marché datant de 2018, la biométrie, la reconnaissance vocale et les chatbots vont faire leur entrée dans le secteur du tourisme d’affaires. Dans quelle mesure ces technologies seront-elles utilisées ? D’autres outils s’ajouteront-ils à la liste en 2019 ?

Le processus est plutôt lent. Les chatbots se sont un peu développés mais leur utilisation reste limitée aux événements les plus technologiques. Il en va de même pour la biométrie. Certains événements utilisent des dispositifs de reconnaissance faciale, mais ils ne sont pas légion. Si certaines technologies ont fait l’unanimité, d’autres sont prometteuses mais leur adoption prend du temps. En effet, la courbe de l’innovation grimpe doucement avant de monter en flèche. Pour ce qui est des nouvelles technologies en 2019, il n’y a pas grand-chose à signaler. La seule évolution notable est une amélioration significative des technologies de réalité virtuelle et de réalité augmentée, qui sont désormais plus accessibles et fiables. Peut-être que la véritable évolution n’est autre que l’expérience en elle-même. Toutefois, selon cette étude de marché datant de 2018, la biométrie, la reconnaissance vocale et les chatbots comptent parmi les technologies qui devraient faire leur entrée dans le secteur.

9. Intéressons-nous à l’avenir. Quelles sont les innovations indispensables au secteur ? Pourquoi ?

Je pense qu’il est nécessaire d’intégrer les sciences humaines à notre travail. Nous devons nous intéresser aux travaux de psychologues, d’anthropologues et de sociologues pour comprendre comment fonctionnent les êtres humains et comment les satisfaire au mieux. Nous devons être capables de répondre à certaines questions essentielles au sujet des membres de notre public, comme qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Comment interprètent-ils notre message ? Quelles sont les choses qui font mouche ? Quel est leur degré d’attention ? Qu’est-ce qui lie chacun de nos choix ? Nous ne savons que très peu de choses à ce sujet. Je pense également que nous devrions nous intéresser d’encore plus près aux différents indicateurs. Je ne parle pas forcément du retour sur investissement, mais de mesurer les résultats, d’observer les réactions et de recueillir encore plus de données tout au long du processus organisationnel pour personnaliser encore davantage les messages et expériences et nous assurer qu’elles soient utiles, même une fois l’événement terminé. Il s’agit en quelque sorte de la seconde révolution dont nous aurions besoin dans le secteur du tourisme d’affaires.

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